PROBLÉMATIQUES RENCONTRÉES ET INITIATIVES ENGAGÉES
Le cordon dunaire évolue et met en péril différents fronts d’habitation et d’aménagements portuaires. Port-Bail et Barneville-Carteret constituent des exemples emblématiques d’une nécessaire adaptation et de préoccupations grandissantes des élus face aux transformations inévitables du littoral. L’érosion, le recul du trait de côte, la remontée de la nappe salée et les phénomènes conjugués de submersion des rivages et d’accrétion des havres remettent en question les activités touristiques et nautiques. Des personnes très engagées, porteurs de projet, peuvent être des forces de proposition et d’action pour faire face aux menaces présentes et futures sur le territoire.
De manière plus élargie,le département de la Manche met en place un appui technique d’ingénierie et financier (https://www.manche.fr/actions/nature/risques-naturels-littoraux/) pour accompagner les communes et les EPCI qui pilotent la GEMAPI dans des stratégies de réorganisation spatiale durable pour faire face aux risques côtiers et à la montée de la mer.
Le département accompagne, notamment, la communauté de communes Coutances , mer et bocage, et les trois communes Gouville-sur-mer, Blainville-sur-mer et Agon-Coutainville qui se sont engagées dans un PPA (plan partenarial d’aménagement). Une ambitieuse stratégie de recul du trait de côte est envisagée avec en perspective la relocalisation d’activités et la renaturation d’un havre.
Il dispose d’un programme de sensibilisation auprès des communes, des collèges et des citoyens. Le projet « la mer monte » et son cycle de conférences et d’interventions dans l’espace public a permis de manière ludique et artistique d’interroger les acteurs de terrain sur leur stratégie face aux risques.
REPÈRES GÉOGRAPHIQUES ET SOCIOLOGIQUES
Face aux îles anglo-normandes, du nord de Granville à la pointe de la Hague, se dessine une côte plein ouest caractérisée par de nombreux havres. Les havres sont des estuaires très particuliers qu’on ne retrouve quasiment que dans la Manche. Associant bancs de sable, vasières, et prés salés, ils abritent une flore particulière (salicorne, obione, statice, aster maritime…) et une faune indispensable à l’alimentation de nombreux oiseaux (aigrettes, courlis cendrés, tadornes de belon…) et poissons pour lesquels ils constituent une nourricerie essentielle (soles, bars, mulets etc.).
La côte est fortement sensible à l’érosion du fait de sa nature sableuse et mobile. Aménagée en dur depuis les années 30 puis après guerre, avec l’essor du tourisme balnéaire et la croyance en une ingénierie qui pourrait faire face aux assauts de la mer, elle continue d’évoluer. Elle s’engraisse par endroit, recule sur d’autres et les havres se comblent. Plusieurs aménagements de camping, routes, parkings, ports ou habitations sont ainsi menacés à terme.
L’écoute d’historiens locaux comme Michel Pinel, historien et photographe, auteur de livres historiques et littéraires sur la Manche et la Normandie, nous permet de resituer ces mutations dans un temps long et de se munir face à un effacement rapide de nos mémoires. La lutte en dur contre la mer est rès récente et fait oublier des siècles de relations humbles et prudentes avec la côte.